"JE NE SAIS PAS" Une petite phrase puissante

Dans des périodes incertaines comme celles que nous traversons, sans assurance de l’après qui décidément s’échappe totalement, impossible de faire comme si je pouvais tout gérer, contrôler, même mon futur, je ne peux même plus me berner en faisant croire que je sais.

D’ailleurs ces deux mois que nous venons de passer me l’ont à nouveau enseigné. Du jour au lendemain, j’ai du changer mes projets, annuler mes rendez-vous, bousculer mes habitudes.

J’ai une fâcheuse tendance à anticiper le futur, c’est à dire que j’imagine ce qui va se passer, je construis des scénarios absolument époustouflants. Je me raconte des histoires sur moi, sur les autres. Et plus l’incertitude est là, plus j’anticipe. C’est certainement une activité mentale que vous pratiquez aussi. Un peu ? Beaucoup ?

 

Pour répondre à ces histoires qui se construisent sans relâche dans ma tête, créant des vagues émotionnelles qui pourraient se succéder à l’infini, serrant ma gorge, ma poitrine, remontant mes épaules, me rendant irascible, je murmure ces quelques mots : JE NE SAIS PAS.

 

Si je commence à échafauder des histoires toutes plus noires les unes que les autres, je me dis : JE NE SAIS PAS

C’est une façon d’arrêter, de dire STOP.

Je peux me répéter cette phrase plus doucement, pour en goûter la saveur : JE - NE - SAIS - PAS. et je ressens la portée de ce qu’elle me dit.

C’est abyssal : je ne sais rien. Ni ce que sera la minute qui va suivre, ni demain, ni plus tard.

Ça peut être dur à regarder, cette totale impossibilité de prévoir, de maitriser, de contrôler.

Et ce n’est pas seulement pour les événements que je ne sais rien, c’est aussi en ce qui concerne les autres. Je ne sais rien d’eux, ni ce qu’ils pensent, ni ce qu’ils sont, ni ce qui les anime, ni ce qu’ils prévoient.

Cette prise de conscience peut remuer, on peut tergiverser avec, la raison n’aime pas ne pas savoir. Elle me dit : "Mais je sais bien ce que je vais faire dans cinq minutes!!!" pourtant c’est incertain, on ne saura jamais ce qui pourrait se passer pendant ces quelques minutes.

 

Si on regarde en face ce qui se passe en soi quand on dit JE NE SAIS PAS, un espace s’ouvre, un espace de découverte intime de soi.

 

Cette petite phrase, avec moi depuis quelques années, constitue à elle seule tout un chemin spirituel que je vous invite à emprunter de façon authentique…

 

Catherine Penouilh, Périgueux, www.catherinepenouilh.com